Pourquoi et comment faire pour que vos enfants deviennent bilingues espagnol-français ?

Le bilinguisme précoce, celui qu’acquièrent nos enfants pendant leurs sept premières années, c’est un rêves pour certain.e.s. Peut-être que toi aussi tu rêves que tes enfants parlent plusieurs langues dès la petite enfance. Toi aussi, tu penses que c’est un avantage certain pour eux… Ou bien tu en doutes ? Tu aimerais passer le pas mais tu ne sais pas par où commencer ? Et bien dans tous les cas, tu es au bon endroit : aujourd’hui, on verra POURQUOI il est intéressant que tes enfants soient bilingues, mais aussi COMMENT faire pour que ça soit le cas !

Pourquoi élever son enfant entre le français et l’espagnol ?

Certains parents se demanderont, à quoi bon ? Le bilinguisme, c’est un gros effort. De la part des parents, et de la part des enfants. Alors pourquoi est-ce qu’on devrait s’embêter ? Pourquoi se donner tant de mal pour qu’ils parlent les deux langues, alors que tu parles parfaitement la langue de ton conjoint et tu pourrais donc simplement parler français, point ? Pourquoi faire des pieds et des mains pour leur apprendre une langue que, parfois, tu ne maîtrise pas toi-même ? Et bien je te donne quelques pistes de réflexion !

Un enfant bilingue dès le plus jeune âge : un atout intellectuel

D’après de nombreuses études scientifiques, on sait aujourd’hui que les enfants bilingues ont plein d’atouts qui nous rassurent en tant que parents ! Entre autre choses, le bilinguisme dit « précoce », c’est à dire acquis pendant l’enfance, permettrait d’avoir de meilleurs résultats en grammaire, phonologie, calcul…

Tu vas me dire, mais comment ça se fait ?

Gif provenant de Giphy.com

Mais comment ça se fait ?

Voilà, merci ! Alors, pour le dire de manière compliquée, le cerveau des enfants bilingues précoces serait plus sollicité que celui des monolingues pour développer des connexions simultanées entre de multiples représentations d’objets.

- Ok, et si on le dit de manière simple ?

Et bien en fait, je te l’illustre avec mes enfants. Quand on est arrivés en Équateur, ma cacahuète numéro 1 était dans l’apprentissage du langage : elle avait deux ans, elle parlait français. Au bout de quatre mois, elle était capable de faire une phrase en français ou en espagnol, suivant la langue dans laquelle je lui posais la question. Son cerveau était en fait capable de donner deux réponses simultanées dans deux langues différentes, pour une même représentation d’objet ou d’idée.

Si je lui dis :

« Charlotte, on mange quoi à midi ? – Une soupe avec des légumes » (oui oui on mange beaucoup de soupes en Équateur !)

ou

« Charlota (eh oui, même moi j’ai succombé à la tentation de lui mettre un A à la fin en espagnol…), ¿qué comemos para el almuerzo? – Una sopa 🍲 con vegetales 🥬 »

Son parler était AUSSI naturel en français 🇫🇷 qu’en espagnol 🇪🇨 !

Ces connexions actives entre les synapses permettent qu’un plus grand nombre de synapses du cerveau frontal (celui du langage 👅 , de la grammaire 🔤 , de la phonologie, du calcul 💯, etc.) se maintiennent. Pour nos loulous, entre l’enfance et l’adolescence, le cerveau subit un « élagage synaptique » : les synapses non utilisées sont éliminées ! Donc autant maintenir ces synapses en action !

Mais ce n’est pas tout ! Cette gymnastique du cerveau permet aussi d’augmenter sa flexibilité, sa capacité à gérer plusieurs tâches à la fois, renforcer sa concentration, ses capacités d’adaptation face aux changements.

J’ai été très surprise de la capacité d’adaptation de mes cacahuètes numéro 2 et 3 😊 qui étaient dans le même pays, dans la même maison, dans la même rue, avec les mêmes habitudes depuis tout petits. Quand ils avaient 1 et 2 ans, nous avons changé de pays, de langue, d’environnement familial, de maison, de culture, ils sont allés à l’école, chez la nounou, bref TOUT a changé… et pourtant ils s’adaptent !

Les bienfaits du bilinguisme précoce à l’âge adulte

Tu te demanderas probablement :

- Ok, mais… Et quand ils grandissent ?

Déjà, cette flexibilité se maintient. Tes enfants deviendront des adultes plus adaptables, plus flexibles. Une fois adultes, cette « souplesse intellectuelle » développée dans leur jeune âge leur permettra d’être mieux armés face à des éventuelles apparitions de trouble de la mémoire, comme par exemple la maladie d’Alzheimer. (Bialystok 2004). 

Globalement, ton enfant devient un gymnaste mental : son cerveau restera jeune plus longtemps !

Apprendre l’espagnol à son enfant, pour son ouverture d’esprit

Mis à part tout ce sport cérébral, ce qui est certain c’est que quand on apprend l’espagnol, ou toute autre langue, on est plus ouvert aux autres. Aujourd’hui et pour encore plusieurs années, nous vivons en France dans un environnement multiculturel : à l’école de mes enfants il y a beaucoup d’autres enfants bilingues. Ces enfants parlent le turc, l’arabe dans plusieurs de ses déclinaisons, le roumain, etc. Et ils s’échangent des mots de leur (autre) langue maternelle, entre eux, sans jugement et sans a priori. C’est un jeu, qui leur apporte de la tolérance et une autre vision sur le monde.

J’aime beaucoup cette phrase de Flora Lewis : « Apprendre une nouvelle langue, ce n’est pas seulement apprendre des mots différents pour désigner les mêmes choses ; c’est aussi apprendre une nouvelle façon de penser à ces choses ».

La voici en espagnol avec une correspondance entre les mots (tous les prétextes sont bons pour apprendre du vocabulaire ! ).

« Aprender otro idioma no es solamente aprender palabras diferentes para las mismas cosas, sino aprender otra manera de pensar acerca de las cosas« .

Flora Lewis

Les enfants bilingues ne sont pas plus « intelligents », je n’aime pas particulièrement ce mot d’ailleurs. Mais ils comprennent deux manières de penser, deux cultures, et ont déjà deux regards sur le monde.

Renforcer l’estime de soi

En soi, on est un peu dans une conséquence de ce qu’on a vu précédemment. Un enfant bilingue va en fait avoir beaucoup de facilités qui lui donneront naturellement une bonne base d’estime de soi et de confiance en soi. Attention cependant : la confiance en soi doit se cultiver ! Abreuve ton enfant de phrases pour renforcer sa confiance en lui. Par exemple :

  • Eres importante para mí. Tu es important pour moi.
  • Tienes derecho a no pensar como los demás. Tu as le droit de ne pas penser comme tout le monde.
  • Eres capaz. Tú puedes. Tu en es capable. Tu peux le faire.
  • Tienes derecho a cometer errores. Tu as le droit de faire des erreurs.
  • Estoy orgulloso/a de tí. Je suis fier.e de toi.

Note que l’inverse est aussi vrai : plus tu as confiance en toi, plus il est facile d’apprendre une nouvelle langue… Et même d’apprendre tout court ! C’est en fait un véritable cercle vertueux dans lequel tu plonges ton enfant : il apprend l’espagnol, et gagne en confiance en lui, et plus il a confiance en lui plus il veut et PEUT apprendre !

Ma grande cacahuète est maintenant souvent en demande pour apprendre l’anglais ! Eh oui, maintenant qu’elle maîtrise l’espagnol et le français sur le bout des doigts, elle me demande de traduire plein de mots en anglais.

Ça nous fait des conversations de ce genre :

« – Mamá, ¿ cómo se dice Gabriel en inglés ?
– Heu… Gabriel. (je lui dis avec l’accent quand même 😂)
-Aaa. Y ¿cómo se dice buo en inglés ?
– Heu… I don’t know » 🤨

Si je te dis que l’estime de soi sera meilleure, ne crois pas à un effet 🧚 ✨ 🌈 « baguette magique de la fée arc-en-ciel » non plus ! Tout changement dans la vie de son enfant doit être accompagné : l’apprentissage de l’espagnol ne fait pas exception à cette règle de bienveillance !

Quid du « retard de langage » ?

Alors oui, il existe encore un « mythe » associé au bilinguisme chez l’enfant. Celui du retard de langage, qui s’appelle en fait dans le cas d’enfants bilingues un PSEUDO retard de langage. C’est quand même dommage, parce que malgré le mot PSEUDO on garde une connotation négative… Les conséquences de l’apprentissage de l’espagnol peuvent se manifester de différentes manières :

Le mélange des mots

On entend parfois à la maison :

« Maman, il est où mon sac rougEUH ! » alors que c’est un PULL (un saco) et non pas un sac qui est perdu… (Ou simplement dans la machine à laver !).

Ou encore :

« Maman, donne moi ce qui est sur la sille.
– La quoi ?
– La SILLE !
– … 🧐 ⚙️ 💡 … Aaaah ! La Silla ! 🪑 La chaise ! »

En tant que parent attentif, on peut s’inquiéter de cette « confusion » entre les deux langues. En réalité, aucune inquiétude à avoir, c’est complètement naturel. Ton enfant cherche en fait ses mots et prend celui qui lui vient à l’esprit le plus rapidement.

Moins de vocabulaire en français

Les enfants bilingues n’ont pas de retard de vocabulaire, comme c’est souvent dit par les enseignants qui n’y sont pas habitués. Ils connaissent en fait le même nombre de mots de vocabulaire que leurs camarades, mais réparti entre les deux langues !

Par exemple, si ton enfant dit « bonjour », « merci » et « au revoir » en français, ça fait 3 mots. Si ton enfant sait aussi dire en espagnol, « hola », « gracias » et « hasta luego » : ça fait déjà 6 mots ! A 3 ans, un enfant connaît en moyenne 500 mots de vocabulaire. Un enfant bilingue pourra en connaître 250 ou 300 dans les deux langues, et donc il aura en soi le même nombre de mots de vocabulaire (voire plus, voire bien plus!) qu’un enfant monolingue !

Si tu veux aider ton enfant à acquérir du vocabulaire en espagnol, tu peux lire cet article et télécharger l’infographie que je t’y offre. Écris sur des post-it les mots (par séries de 5 ou 10) et colle-les sur les objets qui correspondent… C’est une activité ludique pour ton enfant, et tu pourrais ainsi l’aider dans son apprentissage !

Autres « troubles »

Le changement de langue ou l’apparition d’une nouvelle langue dans le foyer peut aussi provoquer des « troubles ». Pour nous ça a été le cas quand ma cacahuète numéro 3 a commencé à intégrer le français dans son PARLER (sa compréhension était déjà bonne).

Un jour dans la voiture je me suis rendue compte qu’il avait du mal à parler. Il était en train de me dire quelque chose et a mis au moins 2 minutes pour faire une phrase simple, en espagnol : « Mamá, a, a, a, a, … a, a, a mi me gusta el co…, co.. el color azul y quiero subirme en, en, en, en.. en el bus azul! ». (Maman, moi j’aime bien la couleur bleue et je veux monter dans le bus bleu).

Quand votre enfant qui s’exprime très bien dans sa langue forte (c’était l’espagnol jusque là) se met à bégayer, ça vous fait un peu transpirer ! Mais finalement ça s’est résolu en un peu plus d’un mois, et il a une parfaite diction en français comme en espagnol aujourd’hui ! Je lui ai simplement laissé le temps de s’ajuster à ce changement. 😉

Chaque enfant est différent, et chaque enfant aura une réaction d’adaptation différente devant l’apprentissage de l’espagnol. Il faut y être attentif, il faut être patient, il faut garder la tête froide et les cœurs connectés !

Peut-on avoir un enfant bilingue sans être bilingue ?

Si tu es un parent monolingue mais que tu veux donner cette formidable opportunité à ton enfant de devenir bilingue, déjà, bravo ! Plusieurs possibilités s’offrent à toi :

Utiliser des supports en espagnol

Lorsque tes loulous veulent voir un film, c’est « Ok, mais on met le film en espagnol ! ». « De acuerdo, pero ponemos la peli (película 🎥 ) en español ». Tu culpabilises moins, et pour eux il y aura quelques bénéfices. Attention, si tu veux qu’ils soient réellement bilingues (et pas qu’ils sachent seulement dire « hola », « gracias » et « por favor »), il faudra les exposer d’une autre manière en parallèle !

Implanter le bilinguisme à l’école

Certaines écoles maternelles proposent de faire une partie des cours en espagnol, à raison de 12h OU PLUS par semaine ! Il faut garder en tête le temps d’exposition à la langue (40%) : si l’exposition en classe n’est pas suffisante, tu peux essayer de la renforcer par un autre support.

Dédier des plages horaires

Si tu te sens suffisamment à l’aise en espagnol, tu peux décréter : « On parle espagnol le mercredi et le week-end, le reste du temps on parle français ! »

Ou dit en espagnol : « Se habla español los miércoles 📆 y fines de semana, ¡el resto del tiempo se habla francés! »

Avoir une troisième personne hispanophone

Si tu n’es pas du tout à l’aise en espagnol, alors il vaut mieux laisser une autre personne leur parler. Une personne hispanophone, NATIVE ou assimilée, avec une accentuation parfaite et une diction fluide, sera d’une grande aide pour que tes enfants assimilent plus vite l’espagnol. Ça peut être une jeune fille au pair, une nounou, etc.

Dans un souci d’équilibre et de modération 🧘 : si ton enfant ne devient pas BILINGUE, mais qu’il connaît déjà plein de mots et de phrases en espagnol, ou dans une autre langue, ça sera un point fort pour sa rentrée au collège ! Alors, lâche prise, fais-toi confiance, et fais-lui confiance !

Petit exercice pour apprendre le vocabulaire

On en profite toujours pour apprendre quelques mots de vocabulaire ! Alors, as-tu été bien attentif pendant la lecture de l’article ? Nous allons le voir tout de suite ! N’hésite pas à utiliser les flashcards plusieurs fois pour bien les mémoriser !


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Je suis Tamara, auteure du blog Apprendre l’espagnol, facilement comme un lama ! Maman de trois enfants franco-équatoriens, j’ai vécu dans plusieurs pays hispanophones et en particulier en Équateur. Dans mon blog, je te partage mes expériences et anecdotes, mais aussi et surtout mes méthodes et ressources pour commencer, recommencer ou accélérer ton apprentissage de l’espagnol ! Alors n’hésite pas à venir faire un tour pour me découvrir ! Abrazos, Tamara.

 

One Response

  1. Justine dit :

    Super article très intéressant. Je suis française, mon compagnon espagnol portugais. Nous parlons tout les deux couramment anglais et j’espère que nous arriverons à élever nos futurs enfants dans ces 4 langues. Ça sera un super cadeau que l’on pourra leurs faire

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